Friday, March 7, 2008

LASSERRE (Guy) - Libreville. La ville et sa région (Gabon. A.E.F.) Etude de géographie humaine.

Paris,A. Colin, 1958. 24 cm 348 p. pl- h.-t. cartes Bibliogr 19 NF- Cahiers de la Fon dation nationale des sciences politiques 98 étude de Guy Lasserre sur Libreville et sa région vient enrichir un domaine où existent encore que bien peu ouvrages Elle mérite bien des titres de retenir attention

Une première partie morphologique décrit la ville européenne et les villages ï> africains ainsi que auteur qualifie toutes les agglomérations afri caines qui entourent le centre sous une variété aspects de paysages propres poser la question de la réalite urbaine de Libreville Ancienne Barraca portugaise Aumale plus tard Libreville fut abord un établissement maritime créé par la Marine royale en 1843 afin de réprimer le trafic négrier et aussi afin assurer la Chambre de commerce de Bordeaux une base dans le golfe de Guinée où elle pourrait lutter effica cement contre la concurrence anglaise et américaine Le site choisi apparaissait prometteur un vaste estuaire où débouchaient plusieurs cours eau par lesquels on espérait pénétrer intérieur du conti nent Le comptoir du Gabon se développa tant que dura économie de traite Mais quand vers la fin du siècle dernier éconon.ie exploitation substitua quand il fallut envisager aménagement de arrière-pays estuaire se révéla être qu un leurre était en réalité un bras de mer les voies de pénétration vers intérieur étaient pratiquement inexistantes Lasserre souligne très justement cet égard le caractère insulaire de Libreville Privé arrière-pays Libreville existait surtout en vertu de ses fonctions admi nistratives lesquelles avaient attiré sur place le siège social des sociétés com merciales Lorsque vers 1892 okoumé se révéla être une source de richesse ce sont ces facteurs centripètes qui agirent en faveur de ancien comptoir et qui permirent Libreville de devenir malgré la concurrence de Port-Gentil pourtant mieux situé un centre important exploitation forestière et être dotée enfin une région si restreinte soit-elle- Mais comme le note auteur exploitation de okoumé ne diffère guère de économie de traite traditionnelle il agit toujours du fait primitif de destruction végétale Les implications économiques en seront faibles peu établissements industriels exception de quelques scieries et usines de dérou lage pas même la création un port les grumes se chargeant plus aisément dans les rades foraines de estuaire ou de la cote Quant aux importations elles sont limitées par la dimension restreinte un arrière-pays très faible densité où 200 Européens et 000 Africains tout au plus exploitent okoumé dans les chantiers forestiers Ajoutée aux 15 000 habi tants des Librevilles cette population ne représente guère un débouché sus ceptible alimenter un trafic important et de justifier existence un port- Rares sont les villes africaines établies en fonction de données précises de localisation industrielle ou commerciale- Bien souvent des régions écono- miques ont été ainsi ouvertes au hasard de implantation un poste et les facteurs historiques ont fréquemment violenté les données économiques Libreville est cet égard un cas très caractérisé de la formation une région écono mique autour un pôle exogène de caractère administratif et colonial malgré absence de facteurs favorables et la mauvaise articulation de arrière-pays et de la ville La seconde partie de ouvrage considère donc cet important problème et rassemble une masse considérable de matériaux tellement même que étude touffe sous leur poids mille détails mille précisions aplanissent parfois les idées auteur que on sent prêt soutenir les thèses il ébauche est en outre victime du mode exposition il choisi La monographie ne permet guère que la description et proscrit argumentation Ceci est encore plus appa rent dans la troisième partie de ouvrage consacrée aux problèmes humains Il eût été intéressant étudier Libreville qui semble présenter un milieu révélateur cet égard le processus intégration des zones de peuplement afri cains la ville de cerner en autres termes le phénomène urbanisation dans sa dynamique Il eût fallu pour cela caractériser chacune de ces Libreville noires mais leurs caractéristiques apparaissent au fil des rubriques sans être jamais regroupées Pourtant si on mettait bout bout certains éléments taux de féminité structure par âge maintien de la tradition importance des cultures vivrières qualité des cases etc on verrait sans doute apparaître de fa on plus cohérente ces agglomérations noires dans leurs différentes phases intégration depuis le village vivant encore largement sur la brousse jus au quartier proprement dit Or auteur emploie indifféremment les deux termes tout au long de son étude pour toute zone peuplée Africains En outre les définitions administratives des quartiers sont reprises presque sans discussion alors il se serait agi de préciser les critères économiques et sociaux permettant de tracer un découpage plus authentique Une distinction plus serrée eût encore permis auteur appuyer certaines démonstrations sur des bases plus fermes est en particulier le cas en ce qui concerne le niveau de vie des Africains auteur affirme avec raison que ce est que par agriculture vivrière encore largement exercée par la population africaine que celle-ci peut dans son ensemble subvenir ses besoins Ceci procède de la simple observation de activité des femmes africaines Mais lorsque auteur entreprend en faire la démonstration économique et étendre ses conclusions autres villes africaines comme Brazzaville il ne nous convainc pas. Tout abord il ne donne nulle part le chiffre de la population mâle de 15 45 ans La compa raison de ce chiffre avec celui de la population effectivement employée eût permis évaluer combien de familles africaines dépendent essentiellement des ressources vivrières Une étude par village de ce problème eût permis de localiser cette population et de mesurer le degré intégration économique de chacun eux la ville Lesquels campent aux portes de la ville lesquels sont intégrés auteur non seulement ne fait pas cette distinction maisappuyant sur la simple estimation que 70 de la population salariée touche un revenu inférieur au minimum vital il en conclut que est la somme totale de numéraire circulant dans le secteur africain qui est inférieure aux besoins De là il af rme que des activités telles que le commerce ajoutant rien cette somme ne peuvent améliorer la situation des Africains En se pla ant sur ce terrain auteur affaiblit sa démonstration Il oublie une partie des Africains de Libreville 30 dans ce cas touchent des revenus supérieurs au minimum vital que le commerce entrepris par les catégories les moins favorisées permet une redistribution partielle du revenu global en leur faveur Puisque le secteur africain satisfait lui-même une partie de ses besoins la monnaie accomplit un circuit nouveau sa masse brute ne permet donc pas de mesurer la con sommation réelle Mais cette différence entre masse fiduciaire brute et revenus globaux existe également dans les sociétés échanges généralisés Elle donc pas de valeur démonstrative- Pour étendre ces conclusions Brazzaville il rut fallu démontrer en outre que le rapport population active potentielle hom mes de 15 45 ans population active employée est comparable Or Brazzaville le pourcentage de la première la seconde esc de 95 Libre ville il est sans doute pas supérieur 60 ou 70 Le chômage prend une autre valeur qualitative certaines solutions essentielles dans un cas ne seront accessoires dans autre Les formes auto-subsistance du secteur africain peuvent être différentes De tout ceci il reste ce qui est profondément juste et ouvrage de Lasserre en apporte une nouvelle démonstration que le salaire en pays sous-développé est largement con comme le salaire appoint une population agriculteurs se nourrissant elle-même est par ce biais que économie capi taliste issue de la colonisation alimente aux dépens du secteur pré-capitaliste Et auteur raison en déduire que la nouvelle législation des salaires qui tend leur donner leur signification européenne contribue hâter urba nisation des villes africaines en favorisant la rupture avec ancienne économie de subsistance accroître la dépendance des Noirs égard des Européens qui détiennent le marché du travail et par conséquent rendre combattit le syndicalisme et précipiter évolution politique et sociale de Afrique nou velle Enfin la partie sociologique de ouvrage est très certainement la plus vulné rable On relève des impropriétés de termes des simplifications qui irritent quelque peu les sociologues appliqués préciser concepts et phénomènes au même titre sans doute que les géographes irriteraient de emploi inadéquat des termes ils ont forgés ouvrage de Lasserre est une richesse réelle Il complète la littérature consacrée aux villes africaines Il rassemble une documentation vaste et ordon née utile non seulement au géographe mais aussi au sociologue Il incite de nouvelles recherches Souhaitons une sociologie maintenant devenue plus aisée grâce étude de Lasserre vienne compléter cette géographie des Librevilles noires

Claude MEILLASSOUX

Saturday, February 16, 2008

Zoom sur la photo

La photographie commence au Gabon avec le daguerréotype par l'entremise des missionnaires américains aux alentours de 1842. D'abord exclusivité des Européens, la daguerréotypie passera aux mains des autochtones vers les années 1910. C'est à peu près en 1915 que les photographes gabonais de Libreville ont commencé à s'imposer, des pionniers comme Toussaint Madola, Ntchougwa Artman et Blaise Paraïso. De nombreuses photographies ont été exhumées qui attestent du volume de l'œuvre et du talent de ces précurseurs gabonais du métier de l'image. Ils cristalliseront une partie de l'histoire de Libreville : portraits de notables, photographies de patriarches vêtus à la mode anglaise, couples et familles, etc. Malheureusement, la plupart des clichés sont jaunis ou effacés par l'œuvre du temps.Blaise Paraïso fut sans doute le plus prolifique de ces pionniers. Il vécut la transition révolutionnaire du reflex du format 6 x 6 qui allait remplacer la chambre noire tout en élargissant les champs et les possibilités de la photographie, puis celle du 24 x 36. Il allait être le premier Africain à s'engager dans le reportage photo avant et après l'indépendance du Gabon. L'œuvre de Blaise Paraïso sera poursuivie par un de ses fils, Honoré Paraïso. A partir de 1960 le ministère de l'Information commence à employer des Gabonais. Rogombé Ikouakoua était le doyen de cette génération. Il avait pour collaborateurs Benoît Métoghe, Michel Nzaou, Hilarion Bangomest, Aristide Samba, Luc Djidji et plus tard Antoine Doukaga et Michel Mvoga. Le service photographique du ministère était animé au départ par le photographe personnel du président Léon Mba, Alain Carpentier, en qualité de formateur. Carpentier était directement assisté par Rogombé Ikouakoua photographe laborantin. Ce service avait notamment pour mission de fournir la photographie d'actualité pour les ambassades gabonaises à l'étranger, satisfaire à la demande en images sur le Gabon de la part des agences internationales et assurer les reportages. Après les départs d'Alain Carpentier puis de Rogombé Ikouakoua, le service fut pris en main par Benoît Métoghet. Après une formation à l'école de l'ORTF filière image, il apporta une touche nouvelle dans sa façon de travailler en léger, sa rigueur dans le dosage et l'introduction d'un système d'archivage crédible. C'est après l'indépendance que des concurrents firent leur apparition dans la profession. A côté des photographes français travaillant exclusivement pour l'Etat, deux autres studios ouvrirent leurs portes : le Studio Flash appartenant à Carpentier et Photo Adon de René Adon. Puis à partir de 1965, les "studios" de quartiers proliférèrent, tenus par des sujets ouest-africains : Togo-Bénin et deux studios français, Peps de Lovislo et Tropic Photo de Trolez.Aujourd'hui, l'image du "reporter" qui hante les cérémonies de mariages, retraits de deuil, baptêmes, etc représente une caricature forte de ce qu'est la photographie. C'est le résultat d'un monopole coréen qui grâce à l'automatisation contrôle le marché "domestique" de la photo. Cette situation n'évoluera pas sans réintroduction de clubs photo dans les lycées et collèges, et un soutien considérable pour sortir des clichés connus et explorer des formes plus artistiques.
Adrien P. Adyayéno

Tuesday, January 22, 2008

Monday, January 21, 2008