La photographie commence au Gabon avec le daguerréotype par l'entremise des missionnaires américains aux alentours de 1842. D'abord exclusivité des Européens, la daguerréotypie passera aux mains des autochtones vers les années 1910. C'est à peu près en 1915 que les photographes gabonais de Libreville ont commencé à s'imposer, des pionniers comme Toussaint Madola, Ntchougwa Artman et Blaise Paraïso. De nombreuses photographies ont été exhumées qui attestent du volume de l'œuvre et du talent de ces précurseurs gabonais du métier de l'image. Ils cristalliseront une partie de l'histoire de Libreville : portraits de notables, photographies de patriarches vêtus à la mode anglaise, couples et familles, etc. Malheureusement, la plupart des clichés sont jaunis ou effacés par l'œuvre du temps.Blaise Paraïso fut sans doute le plus prolifique de ces pionniers. Il vécut la transition révolutionnaire du reflex du format 6 x 6 qui allait remplacer la chambre noire tout en élargissant les champs et les possibilités de la photographie, puis celle du 24 x 36. Il allait être le premier Africain à s'engager dans le reportage photo avant et après l'indépendance du Gabon. L'œuvre de Blaise Paraïso sera poursuivie par un de ses fils, Honoré Paraïso. A partir de 1960 le ministère de l'Information commence à employer des Gabonais. Rogombé Ikouakoua était le doyen de cette génération. Il avait pour collaborateurs Benoît Métoghe, Michel Nzaou, Hilarion Bangomest, Aristide Samba, Luc Djidji et plus tard Antoine Doukaga et Michel Mvoga. Le service photographique du ministère était animé au départ par le photographe personnel du président Léon Mba, Alain Carpentier, en qualité de formateur. Carpentier était directement assisté par Rogombé Ikouakoua photographe laborantin. Ce service avait notamment pour mission de fournir la photographie d'actualité pour les ambassades gabonaises à l'étranger, satisfaire à la demande en images sur le Gabon de la part des agences internationales et assurer les reportages. Après les départs d'Alain Carpentier puis de Rogombé Ikouakoua, le service fut pris en main par Benoît Métoghet. Après une formation à l'école de l'ORTF filière image, il apporta une touche nouvelle dans sa façon de travailler en léger, sa rigueur dans le dosage et l'introduction d'un système d'archivage crédible. C'est après l'indépendance que des concurrents firent leur apparition dans la profession. A côté des photographes français travaillant exclusivement pour l'Etat, deux autres studios ouvrirent leurs portes : le Studio Flash appartenant à Carpentier et Photo Adon de René Adon. Puis à partir de 1965, les "studios" de quartiers proliférèrent, tenus par des sujets ouest-africains : Togo-Bénin et deux studios français, Peps de Lovislo et Tropic Photo de Trolez.Aujourd'hui, l'image du "reporter" qui hante les cérémonies de mariages, retraits de deuil, baptêmes, etc représente une caricature forte de ce qu'est la photographie. C'est le résultat d'un monopole coréen qui grâce à l'automatisation contrôle le marché "domestique" de la photo. Cette situation n'évoluera pas sans réintroduction de clubs photo dans les lycées et collèges, et un soutien considérable pour sortir des clichés connus et explorer des formes plus artistiques.
Adrien P. Adyayéno
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